Intervention du groupe majoritaire lors du débat politique générale – Conseil municipal du jeudi 22 septembre

Le débat de politique générale initié l’an dernier, l’a été dans un contexte bien particulier de pandémie  dont les conséquences  ont bouleversé nos vies dans des proportions sidérantes. Aujourd’hui, ce débat s’inscrit dans un contexte où l’analyse géopolitique met en évidence combien les événements internationaux impactent  directement notre collectivité et ses citoyens.

La guerre est revenue en Europe, avec son cortège de morts, d’horreurs, de peurs, de familles éclatées. Yzeure, dans sa tradition d’accueil et d’ouverture aux autres pays, a tout mis en œuvre pour accueillir des familles déplacées. De surcroit, les souffrances entre ces deux pays belligérants ne sont pas les seuls effets de ce conflit qui a aussi modifié la donne et les enjeux stratégiques dans le secteur des matières premières alimentaires et de l’énergie.

Le long processus de privatisation de l’énergie a donné quelques signes peu rassurants sur les prix dès novembre 2021. Mais les événements politiques de février 2022 ont véritablement déclenché une haute spéculation sur les tarifs dès mars 2022. Pour les adhérents au groupement d’achat du Syndicat départemental de l’Energie de l’Allier, la faillite des deux fournisseurs privés d’électricité a eu pour conséquence l’application du tarif de secours d’EDF, avec une augmentation des tarifs de 750 %. Il est utile ici de rappeler que la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Electricité), votée en 2010 sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy, a obligé les collectivités de plus de 10 salariés et 2 millions de recettes, à sortir du tarif du service public pour aller s’alimenter sur le marché.

Un marché concurrentiel fabriqué artificiellement où a été livré pieds et poings liés le service public communal, soit 58 communes pour notre département. Dès le mois de mai 2022, le SDE a renégocié un marché. Mais les conditions initiales, bien entendu, n’étaient plus les mêmes, et nous devons faire face à une hausse de notre facture d’environ 550 %. Nous n’avons jamais voulu éluder cette question cruciale et avons toujours fait preuve de transparence vis-à-vis des concitoyens. Dès le conseil municipal du 14 avril 2022 et à plusieurs reprises ensuite, cette question a été  abordée dans  notre intervention de groupe majoritaire.

L’onde de choc de ces événements internationaux provoque une inflation, estimée par plusieurs économistes à environ 10 % cette année et renchérit l’ensemble des dépenses, dont celles liées aux matières premières d’alimentation. Le Président de la République annonce « la fin de l’abondance », qu’en est-il de ceux qui n’avaient déjà pas grand-chose ?

Nos choix politiques en ce domaine demeurent l’exercice de la solidarité. Sur des enjeux majeurs tels que les tarifs de la restauration municipale et malgré les fortes tensions décrites ci-dessus, nous n’augmenterons que de 2 % le prix des repas : le budget principal comblant le surcoût des 5 autres %.

Certains de nos détracteurs balayent d’un revers de main les différentes données factuelles que nous venons de développer en concluant à un problème purement yzeurien lié à l’incompétence de l’équipe en place. Afin de reconnecter tout le monde à la réalité du contexte national actuel, je citerai Madame POUZADOUX, qu’on ne peut suspecter de sympathie de gauche, en qualité de Présidente de l’AMF de l’Allier dans le journal La Montagne du 4 juillet 2022 sur l’Explosion des tarifs de l’énergie : « C’est dramatique, des maires vont devoir faire des choix cornéliens » et je la cite : « de signaler que les dépenses complémentaires qu’on nous demande ne sont pas tenables : on nous enterre vivants ! Ce n’est pas une mauvaise gestion de notre part, j’insiste. C’est juste, qu’à un moment donné, nos dépenses augmentent plus vite que nos recettes. Et il n’y a pas que l’électricité et le gaz. Il y a le prix du carburant… Ou le point d’indice des fonctionnaires qui vient d’être revalorisé de 3,5 %. »

De même, le maire communiste de Montataire signifie que « si rien n’est fait, nous ne paierons pas les factures, nous appelons toutes les collectivités à en faire de même. Derrière les montants de telles factures, il y a nos services publics locaux au service du quotidien des habitants, qui ne pourront plus fonctionner ».

L’AMF a fait savoir lors d’un communiqué du 29 août 2022 que : « L’Association des maires de France a appelé à plusieurs reprises à ce que d’autres mesures immédiates (que le fonds vert) soient prises pour soulager les communes face à l’inflation, telles que l’accès des collectivités aux tarifs règlementés de l’énergie, la révision de la formule de calcul du tarif réglementé de vente de l’électricité, l’adaptation des règles de la commande publique. Ces propositions n’ont pas reçu de suites de la part du Gouvernement».

Moyennes et grandes collectivités sont impactées, face à cette situation, par exemple, la mairie de Strasbourg réduit de 2 jours par semaine l’ouverture à l’ensemble de ses musées. Pour notre collectivité, nous avons dû faire des choix. Des choix douloureux mais réfléchis, bien que devant s’opérer dans un délai extrêmement court. Ils ont été retenus en prenant en compte deux critères : l’offre d’un service identique sur le bassin moulinois pour la population d’une part et le redéploiement des agents concernés dans leur cadre d’emploi sur le territoire d’autre part. Nous précisons que chaque agent a été personnellement, accompagné dans cette démarche, ou l’est toujours pour certains d’entre eux.

Nous avons informé dès que possible toutes les parties prenantes de cette situation. C’est ainsi qu’entre le 30 mai et le 22 juin 2022, les différents services, les instances de représentation du personnel, les 33 élus et la population ont été associés à nos prises de décision. Et l’histoire nous donne malheureusement raison d’avoir anticipé ce dérapage des dépenses, même d’une manière ayant pu être vécue comme brutale.

Loin de vouloir sauver les collectivités et in fine ses services publics, non satisfait d’avoir raboté de l’ordre de 7 millions la dotation globale de fonctionnement depuis 2017, le gouvernement d’Emmanuel Macron, indiquait par la voix de Gabriel Attal le 3 août « Le projet de loi de finances pour 2023 prévoit une baisse de la dépense publique de 1,3 % en volume et nous allons poursuivre cette trajectoire tout au long du quinquennat ». Le projet de loi de finances 2023 mentionne pour sa part une baisse de 1,8% en volume pour le « champ courant » des « administrations publiques ». Et une baisse de 0,3% pour les « administrations publiques locales ». Ce dernier chiffre est d’ailleurs porté à 0.50 % pour les années à venir sur la durée du mandat présidentiel. Nous sommes très loin d’une prise en compte des difficultés des collectivités territoriales et principalement de la commune, premier échelon de proximité !

Au terme de cette première partie, est afin d’instaurer « un débat » comme le prévoit le législateur, nous souhaiterions que chaque groupe politique nous apporte des informations précises sur les deux questions suivantes :

– les actions de développement durable sont une des clés de l’adaptation de notre collectivité aux modifications climatiques. La commune met en œuvre dans plusieurs domaines des initiatives volontaristes. Toutefois, vous les estimez largement insuffisantes. Dans le cadre budgétaire contraint décrit  il y a quelques instants, quelle place laisseriez-vous à cette politique ?

– Vous décrivez l’exercice de notre mandat comme autoritaire, absent de consultation des différents acteurs, insuffisant en terme de communication. Quelles sont vos propositions en la matière ?

Jusqu’alors être élu c’était construire et développer des services. Aujourd’hui il s’agit de préserver au maximum la qualité de ce qui peut être proposé aux concitoyens. En cela nous possédons une farouche volonté à poursuivre notre programme de campagne tout en prenant en compte les contraintes financières. Nous l’avons dit publiquement, en toute franchise : si certains projets devront être différés dans le cadre de notre « plan inflation », nos choix seront toujours guidés par l’intérêt général, pour le bien commun.

Deux axes qui guident nos actions : la transition écologique  et la démocratie participative.

Comme vous le savez, nous avons intégré la question de la transition écologique  dans notre programme, bien avant les événements que nous vivons actuellement.

La sécheresse, les aléas climatiques violents impactent durement notre environnement. Nous nous attachons à maintenir le plan de végétalisation  sur le mandat, illustré entre autres par l’opération 1000 arbres 1000 enfants. Il est à noter que, face aux contraintes de l’arrêté préfectoral concernant les modalités d’utilisation de l’eau, les services ont travaillé dès deux heures du matin, cet été, pour arroser les arbres de la commune. Preuve une fois de plus de leurs capacités d’adaptation à gérer le changement indéniable en matière climatique.

La sensibilisation au vélo, en mode alternatif de mobilité décarbonée se poursuit, avec des initiatives  financées par le plan départemental d’action de sécurité routière. Mai à vélo 2022 fut une réussite pour une première à Yzeure, le cru 2023 est en préparation.

La rénovation énergétique des bâtiments scolaires continue sur le rythme que nous avions décidé à raison de 200 000 € par an durant 4 années. Etaient concernés cet été 2022, l’école élémentaire Jacques Prévert et le site de restauration.

Dans le contexte connu de recherche maximale de sobriété énergétique,  le contrat de performance énergétique avec Dalkia trouve tout son sens. Une évaluation thermique vient d’être effectuée sur l’ensemble des bâtiments de la commune afin de mieux cerner les dépenses liées à leur chauffage. Cela concerne 40 chaufferies qui équipent 52 sites.

En toute logique et dans un esprit de responsabilité, une meilleure rationalisation dans la gestion des différents locaux doit être recherchée de manière optimale. Cette rationalisation passe d’abord par une utilisation plus adaptée aux contraintes financières actuelles mais doit s’inscrire également dans un programme de cession de bâtiments devenus trop vétustes pour relever d’une rénovation énergétique.

Si on a conscience en tant qu’élu que la sobriété énergétique est une démarche  permettant à la fois de protéger l’environnement, de satisfaire les besoins des citoyens, d’économiser les ressources pour un bien-être collectif et individuel ; il est incontestablement plus responsable d’accompagner la population dans la gestion de ces changements plutôt que d’alimenter des rumeurs par des propos stériles voire calomnieux.

En ce qui nous concerne, nous avons choisi de communiquer sur toutes les décisions après mûre réflexion et même sur les impopulaires. C’est ainsi qu’en fonction des besoins repérés, nous organisons des réunions thématiques, des visites de quartier et communiquons sur les supports de la collectivité.

Autre vecteur de démocratie : dans le cadre des projets participatifs, l’implication originale des habitants dans leur quartier qui va faire émerger pour la deuxième année des projets au plus près de leur quotidien.

Quelques mots maintenant sur deux projets structurants :

Le service commun de restauration aura été probablement un des projets les plus marquants de l’activité yzeurienne 2022. Nous sommes très fiers de cette réalisation qui met en lumière les compétences de nos équipes et les savoirs- faire du service public. Depuis le début du mois, le lancement est positif et apporte l’illustration d’un service public moderne, à la pointe de l’adaptation et de la réponse aux usagers.

Autre projet qui se déroule selon le calendrier prévu, le parc Sainte Catherine et ses 42 logements sociaux qui vont pouvoir être mis en service d’ici la fin de l’année. Ces 42 logements permettront d’abonder notre obligation en la matière et réduiront de facto notre pénalité. Ils offriront un cadre de vie moderne et agréable pour des foyers modestes. Les logements d’accession à la propriété sont en cours de déploiement. Dès l’installation d’un nombre suffisant d’habitants, les transports en commun seront étendus à cette zone.

Toutes ces réalisations ne verraient pas le jour sans des agents ayant un grand sens du service public. Nous savons que nous pouvons compter sur eux. En cela une politique des ressources humaines qui s’inscrit dans la durée se doit de répondre aux enjeux de formation, de maintien dans l’emploi, de qualité de vie au travail. Nous avons conscience des nouvelles attentes des salariés par rapport  à une meilleure adéquation entre leur vie privée et les postes de travail qu’ils souhaitent occuper ; cette tendance actuelle dans notre pays  se traduit parfois par un turn-over plus important du personnel, y compris à Yzeure.

La crise Covid a exacerbé ce phénomène où un nombre inhabituel de salariés ont quitté leur emploi pour des horizons très différents. C’est pourquoi, il nous faut dans la mesure de nos possibilités travailler collectivement à cette question, notamment par le plan de qualité de vie au travail, ou tout autre dispositif favorisant pour les personnels un meilleur épanouissement dans leur fonction.

Ces quelques points de notre programme développés ici démontrent que même dans un cadre contraint, nous maintenons nos engagements de campagne, avec la volonté d’être suffisamment réactif face aux événements qui s’imposent à nous. Cette volonté de maintenir une gestion budgétaire saine permettra de nous projeter, avec enthousiasme et assurance, sur les projets attendus par nos concitoyens, tant sur le bien vivre ensemble, le cadre de vie que le développement durable.